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Karubenthos 1

Plus de 40 personnes mobilisées pour mieux connaître nos écosystèmes marins !

Pour conserver, gérer et utiliser, il faut connaitre. Les scientifiques sont conscients que 80% des espèces restent encore à découvrir et à caractériser ; la majorité d’entre elles se trouveraient dans les zones côtières et les forêts des régions tropicales.

 

Trente ans après la création de l’Université Antilles-Guyane (UAG) et vingt ans après celle du Parc National de la Guadeloupe (PNG), de nombreux compartiments de la biodiversité de la Guadeloupe restent encore méconnus. Si les compartiments les plus emblématiques (poissons, coraux) des écosystèmes marins de la Guadeloupe sont maintenant bien inventoriés, il n'en va pas de même pour les compartiments du petit macrobenthos. Mollusques, crustacés, échinodermes et algues restent en effet l’une des boîtes noires dans l’inventaire de notre patrimoine naturel, alors même qu'ils sont les plus riches en espèces.

 

Le projet Karubenthos 1 vise donc précisément à combler cette lacune. Il s’inscrit dans un renouveau des inventaires « de nouvelle génération », visant à alimenter les bases de données internationales – d’échantillons, d’images et de séquences moléculaires -. Au terme du projet Karubenthos 1, le Parc de la Guadeloupe disposera d’un état de référence sur lequel fonder ses actions de conservation et de gestion ; les chercheurs auront constitué une collection de référence de nouvelle génération, qui alimentera les articles de recherche – en particulier la description de nouvelles espèces-.

 

La mission principale (du 02 au 30 mai 2012) mobilise une quarantaine de personnes, de bénévoles et chercheurs issus du réseau MNHN, mais aussi des chercheurs et des personnels de l’UAG et des agents du PNG. Au total, 8 nationalités sont représentées (Venezuela, Cuba, Pays-Bas, Espagne, Suède, Etats-Unis, Mozambique, France -Guadeloupe et Martinique compris-).

 

 

Photo de groupe, Karubenthos 1  © L. Charles/MNHN Photo de groupe, Karubenthos 1 © L. Charles/MNHN

Un petit module de 5-6 personnes effectuera des compléments d'observations en décembre 2012 pour les organismes particulièrement saisonniers (algues, nudibranches).

Planning des sites échantillonnés :

          Mission principale

02 au 06 mai : Grand Cul-de-Sac et Petit Cul-de-Sac ;

7 au 13 mai : Côte sous-le-vent ;

14 au 20 mai : Port-Louis et Anse Bertrand;

21 au 29 mai : Petite-Terre, Saint François, la Pointe des Châteaux, le Sec Pâté.

          Mission complémentaire

Du 03 au 14 décembre : Grand Cul-de-Sac et Petit Cul-de-Sac, Côte sous-le-vent, Port-Louis et Anse Bertrand.

Stations échantillonnées au tour de la Guadeloupe  © Fabien Salles/MNHN Stations échantillonnées au tour de la Guadeloupe © Fabien Salles/MNHN
Répartitions des équipes sur les bateaux et véhicules pour la journée du lendemain  © Fabien Salles/MNHN Répartitions des équipes sur les bateaux et véhicules pour la journée du lendemain © Fabien Salles/MNHN

Plusieurs méthodes d'échantillonnage:

Pour tenir compte de la richesse des habitats, de la spécialisation écologique des organismes, et de leur petite taille, les chercheurs ont recours à plusieurs méthodes d'échantillonnage, afin de ne laisser aucune niche écologique de côté.

Pour cela une panoplie d'approches est utilisée :

- Les pêcheurs à pied : ils échantillonnent algues et invertébrés dans la frange littorale. 

- Les récolteurs à vue : ce sont des plongeurs qui – tels des cueilleurs-chasseurs -, observent les tombants, herbiers et fonds sédimentaires, à la recherche d’espèces fragiles et/ou dispersées dans le milieu.

- Les brosseurs-suceurs : les plongeurs utilisent une suceuse pour aspirer le petit macrobenthos réfugié dans les creux et interstices des rochers, mais aussi dans les fonds meubles. Ils nettoient aussi blocs et débris coralliens avec des brosses afin de récolter les petits épibiontes - faune ou flore fixées- et la petite faune vagile – animaux se déplaçant sur le fond - .

- Les dragueurs et poseurs de nasses : ces techniques permettent d’échantillonner et collecter des espèces non accessibles aux équipes de plongeurs. La drague est utilisée dans les fonds meubles et est déployée jusqu’à 200 m de profondeur. Les nasses appâtées permettent la capture de petits carnivores et charognards.

Pêche à pied  © Fabien Salles/MNHN Pêche à pied © Fabien Salles/MNHN
Plongée à vue  © Yanis Turpin/MNHN Plongée à vue © Yanis Turpin/MNHN
Brossage  © Yanis Turpin/MNHN Brossage © Yanis Turpin/MNHN
Les plongeurs, passant l’aspirateur sous-marin dans les infractuosités © Yanis Turpin/MNHN Les plongeurs, passant l’aspirateur sous-marin dans les infractuosités © Yanis Turpin/MNHN
Dominique Lamy et Laurent Pruvost en plein dragage  © Fabien Salles/MNHN Dominique Lamy et Laurent Pruvost en plein dragage © Fabien Salles/MNHN

C’est à l’UAG, où un véritable laboratoire de campagne a été installé pour l’occasion, que l’ensemble des échantillons, ramenés par les équipes de terrain, sont tamisés et triés. Les espèces remarquables et représentatives sont photographiées, puis traitées (prélèvement de tissus pour le barcoding) et stockées (mises en conditionnement dans l’éthanol) avant archivage dans les collections nationales du MNHN. Ce dernier mobilisera ensuite son réseau d'experts pour la phase d’identification la plus pointue.

 

La mission Karubenthos 1 s’est installée au laboratoire de biologie marine, à l’Université des Antilles  © Fabien Salles/MNHN La mission Karubenthos 1 s’est installée au laboratoire de biologie marine, à l’Université des Antilles © Fabien Salles/MNHN
Le laboratoire, installé pour l’occasion à l’Université des Antilles  © Fabien Salles/MNHN Le laboratoire, installé pour l’occasion à l’Université des Antilles © Fabien Salles/MNHN
Le tamisage des échantillons, avant l’opération de tri  © Fabien Salles/MNHN Le tamisage des échantillons, avant l’opération de tri © Fabien Salles/MNHN
Mise en cuvette des spécimens ayant la même taille, avant l’opération de tri © Fabien Salles/MNHN Mise en cuvette des spécimens ayant la même taille, avant l’opération de tri © Fabien Salles/MNHN
Cuvettes en attente de tri  © Fabien Salles/MNHN Cuvettes en attente de tri © Fabien Salles/MNHN
Manuel Caballer prend en photo des nuidibranches (limaces de mer) Manuel Caballer prend en photo des nuidibranches (limaces de mer) © Fabien Salles/MNHN
Philippe Maestrati prend en photo les mollusques vivants, et attend qu’ils sortent de leur coquille  © Fabien Salles/MNHN Philippe Maestrati prend en photo les mollusques vivants, et attend qu’ils sortent de leur coquille © Fabien Salles/MNHN
Mauricette Bourgeois trie les plus fines fractions de mollusques à loupe binoculaire © Fabien Salles/MNHN Mauricette Bourgeois trie les plus fines fractions de mollusques à loupe binoculaire © Fabien Salles/MNHN
Tri des fractions fines de mollusques sous loupe binoculaire © Fabien Salles/MNHN Tri des fractions fines de mollusques sous loupe binoculaire © Fabien Salles/MNHN
Lee-Ann Galindo et Julia Alavrez prélèvent des tissus de spécimens pour le séquençage  © Fabien Salles/MNHN Lee-Ann Galindo et Julia Alavrez prélèvent des tissus de spécimens pour le séquençage © Fabien Salles/MNHN
Echantillons prêts pour le séquençage  © Fabien Salles/MNHN Echantillons prêts pour le séquençage © Fabien Salles/MNHN

Au terme du projet Karubenthos 1, et compte tenu des méthodes et moyens humains mis en œuvre, il est vraisemblable que cet inventaire très complet constituera un modèle pour toute la région tropicale caraïbe. Le recensement de 300 à 500 espèces de macroalgues (rouges, vertes, brunes) et de 1000 à 1500 espèces de mollusques sont attendus. De nouvelles espèces seront sans aucun doute découvertes.

Le tri et une première identification des échantillons récoltés auront lieu au mois de mars 2013 en métropole avec une équipe du Muséum. A cette occasion, les premiers résultats verront le jour !